Fondement du soin inter-disciplinaire en rééducation réadaptation

L’évolution de la rééducation-réadaptation conduit chaque corps de métier à développer ses pratiques et ses approches thérapeutiques dans une perspective de qualité ancrée dans une logique rééducative la plus actualisée possible. Cette excellence en rééducation peut néanmoins avoir pour revers le risque d’une singularisation – et isolement – de chaque corps professionnel, chacun s’enfermant dans sa propre logique de rééducation au risque d’entraver la cohérence d’ensemble et le bon fonctionnement pluridisciplinaire. C’est pour cette raison que la pluridisciplinarité nécessite que l’on s’interroge ensemble sur le fondement de la pratique afin de ne pas confondre une finalité qui est commune à chacun avec les moyens plus ou moins spécifiques mis en œuvre au sein de chaque métier.



Objectifs

La formation a pour objectifs de former des référents au sein de l’établissement qui contribueront à :

  1. progresser dans la mise en œuvre d’une culture de travail en interdisciplinarité
  2. parfaire la communication entre les divers corps de métiers exerçant en rééducation réadaptation afin de coordonner davantage les actions autour du projet singulier de soins
  3. poser les fondements d’une amélioration de l’organisation des soins.

 

Il s’agit d’interroger les pratiques actuelles des différents membres de l’équipe pour permettre l’émergence d’une culture de réadaptation partagée, socle d’une pratique interdisciplinaire. La construction de cette assise facilite par la suite la mise en œuvre d’outils de travail interdisciplinaires tels que le PIII et les transmissions par exemple.



Contenu

La pratique des soins dans le secteur de la rééducation réadaptation pose avec une acuité particulière la question de la rencontre et de l’accompagnement d’une personne et de ses proches dont la trajectoire de vie est marquée par une caractéristique que l’on nomme aujourd’hui une infirmité, une déficience, une difficulté, etc., chacune d’elles pouvant être momentanées, durables ou évolutives et potentiellement génératrices de handicap.

L’intervention professionnelle dans ces situations humaines singulières marquées, de surcroît, par de telles caractéristiques, requiert une véritable « intelligence du singulier », intelligence non réductible ni à la mesure d’un quotient ni à la hauteur d’une qualification. C’est parce que chacune des situations est intrinsèquement complexe et qu’aucune d’elles n’est réductible à un dysfonctionnement physiologique ou à une « anormalité » qu’elle nécessite une équipe pluriprofessionnelle dont chacun des membres se réfère à des techniques, des savoirs, des disciplines, plus ou moins spécialisés. Le déploiement d’une « intelligence du singulier » a pour fondement de ne pas confondre la finalité et les moyens. La finalité est commune alors que les moyens sont spécifiques et parfois très spécialisés mais complémentaires entre eux. C’est ainsi que sans réflexion de fond sur la finalité commune qui est d’accueillir et d’accompagner une personne qui vit ce qu’elle a à vivre de manière singulière dans sa trajectoire unique de vie et en l’existence particulière et à nulle autre pareille qui est la sienne, la confusion entre la finalité commune et les moyens spécifiques risque de s’instaurer insidieusement et de s’amplifier au sein d’une équipe. L’intervention professionnelle n’en serait dès lors plus fondée sur l’humain singulier et l’intelligence que chacun peut déployer dans sa pratique pour le rencontrer et l’accompagner mais bien sur l’aspect technique et la dimension plus ou moins sophistiquée voire spectaculaire des moyens propres à chaque sous-groupe professionnel. Par une forme d’arrêt de la pensée, et sans intention malveillante consciente, l’humain singulier peut ainsi parfois êtreoublié malgré sa « place centrale » dans les discours et passer ainsi du rang de finalité à celui de moyen des pratiques de chaque sous-groupe professionnel. Le risque de banalisation de l’humain n’est pas loin.

 

Pour écarter ou, plus modestement, pour atténuer ce risque de banalisation issue de la confusion entre la finalité et les moyens, un travail tant personnel que d’équipe sur la considération pour l’humain au sein même de ses pratiques du quotidien se révèle nécessaire, travail nourricier de l’intelligence du singulier, travail dont aucun membre d’une équipe ne peut faire l’économie car une telle intelligence concerne la pratique de chacun en vue de l’en imprégner. Un tel travail constitue le socle – le fondement – d’une culture d’équipe pluriprofessionnelle de rééducation – réadaptation, socle qui permet d’orienter et d’éclairer l’organisation des soins et des pratiques, de les coordonner avec cohérence et d’en assurer une communication pertinente, efficace et utile car sensée pour chacun.

 

Déroulement :

Jour 1 :

  • apports théoriques et conceptuels :
    • Quand et dans quel contexte est née la réadaptation ?
    • De quelle intention procède la démarche des professionnels de la réadaptation et à quelle utilité sociale contemporaine répond-elle ? Qu’est-ce que l’esprit de la réadaptation ?
    • Qu’est-ce que le handicap et en quelles circonstances la personne se trouve-t-elle en situation de handicap ?
    • Qu’est-ce que prendre soin de la personne en l’existence singulière qui est la sienne ?
    • Quelles distinctions pouvons-nous opérer entre les soins et le soin ?
    • Qu’est-ce qu’une démarche soignante porteuse de sens et respectueuse de la personne ?
  • débat à partir des apports présentés
  • illustration à partir de situations cliniques apportées par les participants.

 

Jour 2 :

  • synthèse par les participants des apports de la veille et mise en discussion
  • apports théoriques et conceptuels :
    • Qu’est-ce que la notion de discipline professionnelle ?
    • Qu’est-ce qu’une équipe pluriprofessionnelle ? Multi – Pluri – Inter – Co disciplinaire ?
    • Comment les différents soins et pratiques des membres de l’équipe pluriprofessionnelle s’inscrivent-ils au sein du processus de réadaptation ?
    • Comment ce processus de réadaptation s’inscrit-il dans un projet particulier de vie ? Comment les différents professionnels  peuvent-ils y contribuer ?
  • Débat à partir des apports présentés
  • Illustration à partir de situations apportées par les participants
  • Travail en deux sous-groupes à partir de la question stoïcienne :
    • Qu’est-ce qui dépend de nous et n’en dépend pas pour augmenter la notion de complémentarité pluridisciplinaire dans notre pratique quotidienne ?
    • Restitution, débat et mise en perspective pratique.
  • préparation du temps d’intersession
    • relire ses notes
    • préparer une situation clinique « marquante » afin de la partager et de la discuter dans une perspective éthique
  • appréciation « à chaud » des deux premières journées.

 

Jour 3 :

  • synthèse des deux journées précédentes
  • questions, réflexions et clarifications
  • présentation par les participants des situations cliniques préparées et perçues comme « marquantes »
  • apports théoriques et conceptuels :
    • qu’est-ce que l’éthique clinique ?
    • qu’est-ce qu’une relecture éthique de situation de soins ?
    • en quoi la relecture éthique permet-elle d’évaluer nos pratiques en vue de les faire évoluer ?
  • mise en perspective des situations amenées : quelles évolutions des pratiques cette relecture éthique appelle-t-elle ?
  • synthèse de la formation et débat tant sur les apports que sur l’exercice de la fonction de référents
  • évaluation « à chaud » à partir de la grille proposée en annexe
  • échange évaluatif en présence des responsables de l’établissement.


Méthode pédagogique

La méthode pédagogique conjugue des apports de connaissances à des aspects pratiques tirés, entre autres, de l’expérience de chacun et des interrogations exprimées.

Interactive, la pédagogie est basée sur les échanges entre le formateur et les personnes en formation et entre les membres du groupe eux-mêmes. Les expériences des uns sont ainsi réutilisées pour aider à la compréhension des autres membres.

Tout en respectant les objectifs de la formation, une grande souplesse préside au suivi des journées. Celle-ci est nécessaire pour être à l’écoute de chacun dans ses interrogations, ses craintes éventuelles ou ses difficultés. Des liens entre les concepts éclairants des expériences heureuses ou malheureuses permettent de mieux les appréhender et de comprendre ce qui a pu réussir ou mettre en difficulté. Des apports réglementaires et conceptuels seront apportés en lien avec les situations. L’échange et les reformulations permettront de s’assurer d’une compréhension commune.

La posture des formateurs du GEFERS est ancrée dans l’accompagnement du cheminement de chaque participant afin d’assurer la compréhension et l’intégration des apports de la formation. Sur le plan éthique, cette action de formation se déroule dans le souci du respect de chacun et de la tolérance aux situations présentées. La confidentialité et la non substitution à l’autre sont posées comme des règles incontournables.



Évaluation

Un premier temps d’évaluation individuel des acquis de la formation est prévu à l’issue de la session de formation sur support écrit. La grille servant de support peut être remise au Service de la formation de l’établissement.

Un second temps d’évaluation en présence d’un responsable des services concernés et du responsable de la formation continue de l’établissement est recommandé.

Ces deux temps de formation pourraient être suivis par une procédure menée par l’établissement et dont nous pouvons convenir, si cela est souhaité, les modalités en commun. L’expérience menée dans d’autres établissements est celle de réunir deux groupes environ six mois après la formation et en présence de responsables de l’établissement afin d’échanger sur les effets de la formation, les bénéfices observés et les difficultés rencontrées.


Accueil des stagiaires présentant un handicap

Afin d’adapter les méthodes pédagogiques, l’accueil, l’organisation de la salle et l’enseignement, il est souhaité que le formateur soit avisé de la présence d’une personne présentant un déficit sensoriel ou moteur.


Public

  • Équipe médicale
    /
  • Équipe pluridisciplinaire
    /


Intervenant

  • Walter Hesbeen
    ,


Pré-requis

Aucun



Durée

3 jours


Lieu

À définir


Tarif

Dès 100€ /j. /p. pour un groupe de 12


Délais d'accès

Sous 2 semaines





Rèf. GEFERS : S15
Rèf. OGDPC : 4196

Mis à jour le 24 novembre 2024